Le 26 décembre 2007 étaient célébrées les obsèques de Mr l’abbé Aloys de Laforcade. Mr l’abbé Crouzat a prononcé cette homélie.
Ce face à face de Jésus avec ses accusateurs, ce dialogue de Jésus avec le bon larron, révèlent quelques aspects décisifs de toute vie chrétienne, qui ont sûrement éclairé et nourri la vie et le ministère de l’abbé De Laforcade. Je les évoquerai à travers trois paroles de cet évangile. 1 - « Sauve-toi toi même ! » Cette interpellation sans doute moqueuse, des chefs des prêtres et des soldats, met Jésus dans la même situation de tentation qu’il a affronté au désert, avant même d’avoir commencé sa prédication : tentation de renoncer à son identité de Fils, de rompre avec son Père. Cette situation de tentation nous suggère qu’il n’y a pas d’existence humaine digne, ni de vie chrétienne possible, sans des choix affirmés et des décisions fortes. Aloys était heureux d’avoir reçu de sa famille la foi chrétienne en héritage, il était reconnaissant aussi aux aumôneries de Lycée et de la J.E.C. de l’avoir éclairé sur ses propres choix, aux premiers moments de la deuxième guerre mondiale. Et c’est aussi par choix que, jeune prêtre, il commença son ministère à Conchez-de-Béarn ; il y a goûté la valeur d’une vie d’équipe fraternelle entre prêtres et la force des intuitions missionnaires de la Mission de France. 2 - « Jésus souviens-toi de moi ! » C’est un vrai cri du cœur qui jaillit des lèvres du bon larron. Cet homme s’est laissé toucher par la dignité de Jésus, et à son contact, le bon larron saisit, comme en un éclair, la vérité et peut être l’indignité de sa propre vie. Le bon larron nous fait comprendre que personne n’est dispensé d’avoir à se mesurer, tôt ou tard, à ses propres faiblesses et d’avoir à demander pardon. C’est sans doute ce cri qui a inspiré à Aloys, le choix de ce texte. Les faiblesses humaines ordinaires, Aloys en fut témoin par son ministère de confesseur et d’accompagnateur spirituel. Il dut se faire proche de personnes ou groupes éprouvés par les événements politiques ou sociaux : le monde agricole du Vic Bilh, les ouvriers et les cadres d’industrie du complexe de Lacq ou des rapatriés d’Algérie à Mourenx, puis plus récemment des fidèles catholiques troublés par certaines évolutions de notre Eglise (après le Concile Vatican II) à Saint Martin de Pau. A sa façon, Aloys reconnaissait ses limites en disant toute son estime pour les frères prêtres qui avaient partagé son ministère : grâce à eux, disait-il, il avait étayé ses centres d’intérêt, et essayé de se convertir quelque peu dans sa façon d’être, en adoucissant certaines aspérités de son caractère. Aloys étant habituellement lucide mais bienveillant devant les fragilités humaines, inspiré en, cela par un de ses maîtres spirituels Saint François de Sales. Mais il lui est arrivé, parfois, de réagir avec douleur et incompréhension, voire avec sévérité, vis à vis de personnes proches, et il lui en est resté quelques blessures jamais vraiment cicatrisées. 3 - « Aujourd’hui avec moi tu seras au paradis ! » Par cette réponse au bon larron, Jésus s’affirme comme chemin vers Dieu le Père, et du même coup, Jésus affirme sa confiance en Dieu, au cœur même de l’épreuve tragique qu’il va traverser. Ainsi au cœur de tout vie sacerdotale, il y a l’attachement à la personne du Christ, la confiance dans la force de l’Evangile, la conviction bien enracinée de la grandeur de la vocation de chaque être humain à devenir enfant de Dieu. C’est ce sens de la grandeur de chaque être humaine, qui donnait à notre frère Aloys, son intérêt passionné et son écoute attentive de la vie des gens ordinaires. Ecouter et accueillir la vie des personnes, avec leurs ombres et leurs lumières, c’était chez Aloys, l’attitude première de son ministère de pasteur. Cela explique la variété de son réseau de relations et sa fidélité en amitié, cela explique la joie et la sérénité qui l’habitait dans sa foi de chrétien et dans l’exercice de son ministère. Béni sois-tu, Seigneur, pour l’homme, le chrétien, pour l’apôtre et le pasteur que tu as donné à ton Eglise en la personne d’Aloys. Nous t’implorons, Seigneur, de continuer à donner à ton Eglise des fidèles chrétiens heureux dans leur foi et des prêtres attachés à leur ministère. Et donne à ton humble serviteur, Aloys, d’entrer dans ta joie. Amen ! |
Source: site Internet diocèse Bayonne
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