Je pense avoir retrouvé trace d'un natif de Conchez, exécuté à Pau au XIXe siècle.
"Le Gave Béarnais, qui baigne nos côteaux, a sa source dans les Hautes-Pyrénées. Il commence son
cours en tombant du Marboré, où il forme, dans le cirque de Gavarnie, une magnifique cascade de
1200 pieds de hauteur. Après avoir reçu divers ruisseaux et torrens qui le grossissent, il quitte à Lourdes
le département où il est né, vient se jeter en bondissant dans nos belles vallées, opère ensuite sa
jonction avec le Gave Oloronais, et tous deux voguent fraternellement jusqu'à l'Adour, et de là vers
l'Océan.
Notre beau Gave n'est malheureusement pas navigable dans toutes ses parties , et quoique de nombreux
projets pour son endiguement et sa canalisation aient été faits, aucun d'eux n'a encore été complètement
réalisé jusqu'à ce jour. Ce cours d'eau indompté épouvante comme autrefois les propriétés riveraines
qu'il dévaste périodiquement par ses déborde mens.
Le 17 septembre 1772, la Basse-Ville faillit être submergée ; cette rivière avait rompu les digues du
Moulin et de la Monnaie ; en 1823, les mêmes eaux furent sur le point d'emporter le moulin de Gelos
et de se frayer un nouveau lit à travers la campagne de Jurançon.
On a malheureusement manqué de persévérance pour les travaux du Gave , et, soit pour l'encaissement,
soit pour le tracé de navigation latérale, on a laissé dans l'oubli les plans adoptés par les Etats de
Béarn dès l'année 1630 et les études des ingénieurs de Touros, Flamichon et Clavanx (1).
En 1838, M. N. Duchâtel proposa au Conseil général de prendre en considération la demande faite par le
conseil d'arrondissement de Pau pour l'établissement d'un ou de plusieurs canaux d'irrigation, qui pourraient
être alimentés au moyen de saignées faites au Gave et auraient le double avantage de fertiliser les
terres et de diminuer le volume des eaux , qui, lors des crues, causent de si grands ravages. Depuis, M.
Azevedo a nommé un Syndicat du Gave, et tout fait espérer qu'on ne tardera pas à mettre la main à
l'oeuvre. Il ne manque pas d'ailleurs aux Archives de documens qui pourront éclairer la question.
La gastronomie doit prendre note, en parlant du Gave, des excellentes truites qu'on trouve dans ses
flots rapides et pierreux, ainsi que des saumons, qui, attirés par la limpidité de l'Adour, remontent ce
fleuve et viennent se jeter dans les nasses de nos pêcheurs.
Les tocans et les truites saumonées du Gave Béarnais sont un manger exquis. Les voisins, habitans
et manans de Pau avaient jadis, par arrêt de la Cour Majour du 23 juin 1406, dit la Déclaration
générale de la ville de 1680 (art. 55, pag. 909)
(1) Voir le Mémoire lu, en 1837, au Conseil général par M. Lavielle.
Cet écrit retrace tous les plans qui furent faits à diverses époques et cite aussi le projet présenté aux Etats, en 1736, par
M. Faurie, négociant d'Oloron, qui proposait de couvrir les dépenses de ces travaux au moyen d'une loterie.
« de tout temps et depuis mémoire perdue, droit de servitude, tailh, dailh, jasilhe, de faire pacager
leurs bestiaux de jour et de nuit dans la rivière et les sailhets du Gave, comme d'y prendre le sable et les
pierres nécessaires pour leurs bâtimens et autrement. »
C'était sur la grève , située vis-à-vis du Parc, que l'on brûlait autrefois le cadavre des suppliciés. Les exécutions
se faisaient alors, ainsi que nous l'avons dit , à la Porte-Neuve, à l'entrée de la rue de la Mothe.
On y conduisait le patient sur une charrette attelée de boeufs ; on l'y attachait sur une chaise et auprès
de lui était assis son confesseur, fonction ordinairement remplie par le gardien du Couvent des Capucins.
Cette voiture était, pendant le trajet de la tour du Château à la Porte-Neuve , escortée par un piquet
de Maréchaussée ou du Guet. Lorsqu'on arrivait devant l'hôpital, on faisait descendre le condamné et
on le conduisait dans une salle, où l'un des Conseillers délégués par le Parlement l'attendait pour recevoir ses
dernières' déclarations ; puis il était livré au bourreau.
Après l'exécution, le cadavre était transporté sur la berge du Gave, à l'endroit que nous venons de désigner ;
là, on le jetait sur un bûcher, et le bourreau, armé d'une pelle, dispersait ensuite les cendres
au vent....
Les derniers malfaiteurs qui subirent ce supplice furent un capitaine de voleurs, nommé La Montagne,
natif de Pau, et son lieutenant Charlot, natif de Conchez. Ces chefs de brigands, à la tête d'une bande
nombreuse, portaient la terreur dans tout le pays ; ils dévalisaient les marchands qui allaient en Espagne
et en voulaient surtout, comme Mandrin, qu'ils paraissaient avoir pris pour modèle, aux receveurs de
la ferme et de la gabelle. Pour ceux-là ils étaient d'une cruauté sans égale ; pour d'autres , ils s'étaient
montrés d'une générosité qui leur aurait valu, si leurs exploits avaient eu quelque romancier pour Homère,
une célébrité non moins grande qu'aux Fra-Diavolo , aux Jean Sbogar, aux Schubry et autres gentlemen de
grande route. Leur carrière aventureuse se termina comme celle de leurs pareils. Ils avaient commis de
nombreux vols d'église, crimes qui étaient alors qualifiés de lèse-majesté divine, et furent condamnés au
supplice de la roue".
Source: Panorama historique et descriptif de Pau,
par A. Dugenne, Imprimerie et Lithographie
de E. Vignancour - 1839 - Pau
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