samedi 22 août 2009

Le lavoir communal

Lavoir communal (Sébastien Ayma, 2000), il n'a pas changé!

Avant que ne se généralise la construction des lavoirs, les femmes s'installent aux bords des points d'eau, mares, rues, rivières et s'amènagent elles-mêmes des pierres à laver qu'elles disposent en dièdre. Ce point d'eau sert aussi d'abreuvoir, de lavoir et de fourniture d'eau pour ceux qui n'ont pas de puits.
Le lavage est une opération longue et complexe. On utilise la cendre du foyer pour en soustraire la soude ce qui suppose le lavage d'une grande quantité de linge, et un long rinçage (et battage) à l'eau courante. On constate donc parfois la présence d'une cheminée qui servait également à réchauffer les lavandières ainsi qu'à dégeler les bassins.
Le lavoir comme construction solide apparaît au XVIIIe siècle. L'édification des lavoirs résulte de la générosité d'un mécène ou d'un acte arrêté de l'administration locale. Au XIXe siècle, l'émergence des ces architectures domestiques est liée à des facteurs politiques et sociaux. En effet, la Révolution de 1789 voit naître les communes et les maires profitant de leur nouveau pouvoir administratif et financier vont répondre aux besoins de leurs administrés. C'est ainsi que partout en France s'élèvent halles, églises, mairies et lavoirs. L'importance démographique, la volonté des élus à magnifier leurs communes, ou tout simplement du fait de la difficulté du terrain et l'éloignement sont le résultat parfois d'édifications multiples au sein même d'un même village. On compte parfois de nombreux lavoirs dans une même commune. La multiplication de ces bâtiments répond à des besoins réels. La médecine progresse. Dans cette perspective de progrès, l'édification massive des lavoirs tout comme le sport un peu plus tard s'inscrit dans une démarche de santé publique. On parle d'"hygiénisme". Dans les écoles, on enseigne les vertus de la propreté. C'est un devoir civique (voir la monographie sur Conchez par Monsieur Lamazou). Le XXe siècle voit la naissance d'une forte émancipation féminine. Les femmes revendiquent haut et fort leurs droits. Dans les villages, on écoute leurs dolénaces. Les élus prennent en considération la dureté des tâches qu'elles accomplissent, l'hiver venu, dans des conditions climatiques difficiles.
Le Vic-Bilh est une région intéressante car elle offre un bel échantillon de ce petit patrimoine. Si on remarque que certains types architecturaux se déclinent, d'autres en revanche sont isolés car directement lié à des obligations qui leur sont propres.
Dans tous les cas cependant, l'édification des lavoirs tient compte de l'hydrographie du terrain et de la qualité de l'eau. On construit là où est l'eau. Sur Conchez de Béarn, en ce qui concerne la lavoir communal, la source se situe sur la colline d'en face et l'emplacement de l'actuel édifice n'est que le résultat de la situation géographique et des lois physiques de l'eau. Ainsi, ce lavoir se situe non pas au centre du bourg mais légèrement excentré. L'eau arrive au village dans un réservoir situé juste au-dessus, avant de redescendre au lavoir. Sa toiture en un seul pan, soutenue par des piliers récupère l'eau de pluie dans l'abreuvoir. L'édifice est fermé par des façades en bois côté Nord et Ouest. Ce lavoir est composé de deux bassins de tailles différentes pour le lavage et le rinçage. Il fut construit au milieu du XXe siècle et n'a pas beaucoup servi puisque l'arrivée du système d'approvisionnement en eau l'a laissé à l'état d'abandon. Ce système a vu naître ce magnifique château d'eau qui mériterait au moins un coup de peinture (bleu ciel par exemple).

4 commentaires:

claude Dulhoste a dit…

J'ai vu construire ce lavoir vers 1954, j'étais alors vacher dans la ferme de Jean-Marie Laplace. il a été construit sur un bout de terrain donné par la famille Laspoumadère à l'occasion du percement de la voie qui descend vers le Lisau et va à Mont-Disse. j'y passait régulièrement avec ma dizaine de vaches qui s'y abreuvaient quand je rentrais le soir des champs du Lisau. avant le percement de cette route, on devait prendre la route de Diusse puis rejoindre l'ancienne route qui mène à Mont-Disse.

Claude Dulhoste a dit…

Sur mon précédent commentaire, j'ai nommé Jean-Marie Laplace, il se prénommait en fait Jean-Baptiste. Le boulanger Laplace, de la place de l'église était son cousin, j'y allais toutes les semaines chercher 2 gros pains dans un sac de jute.

Ayma a dit…

Avez-vous vu beaucoup d'animation autour de ce lavoir?! Où faisiez-vous boire les vaches avant la construction de ce lavoir? Enfin, la boulangerie Laplace vous inspire-t-elle d'autres souvenirs? Encore merci pour ces précisions!!

Claude Dulhoste a dit…

Avant la construction de ce lavoir, le bétail s'abreuvait au Lisau ou au lèès suivant d'où on rentrait, sinon un abreuvoir en ciment contre l'étable permettait aux assoiffés de boire une dernière fois.
J'allais une fois par semaine à la boulangerie Laplace, je revenais en courant car il faisait noir et je n'étais pas très courageux, un sac de jute en bandoulière contenant deux gros pains, un devant, un derrière... kf