mercredi 10 décembre 2014

Carrière du village de Conchez pour l'église de Garlin

Encore un peu de documentation au sujet de la carrière de pierres de Conchez de Béarn dans l'article "Constructions, restaurations et aménagements d'églises dans le canton de Lembeye et Garlin (1850-1930) de J-C. Lasserre, Conservateur inventaire général d'Aquitaine. On y apprend que la pierre de Conchez fut utilisée pour la construction de l'église de Garlin.

"Dans la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe, on assiste dans la France tout entière à un vaste mouvement de restaurations d'aménagements ou de constructions d'établissements religieux. Le Vic-Bilh, bine entendu, n'échappe pas à ce contexte et l'on peut aisément y vérifier - enquêtes sur le terrain et documentation le prouvent - l'activité des municipalités qui font procéder à de nombreuses réparations et aménagements ou n'hésitent pas à construire des églises neuves dans le goût du jour sur leur territoire communal. Ces travaux, parfois importants pour de petites communes sans grandes ressources, affectent la quasi-totalité des édifices parvenus à ce moment-là souvent en fort mauvais état ou même proches de la ruine.(..)

La documentation relative à la construction de la nouvelle église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Garlin offre, enfin, comme un résumé exemplaire des étapes et des péripéties inhérentes à de tels travaux: décision du maire Firmin Bacarisse, le 3 juillet 1856, de construire une nouvelle église; raisons évoquées: vétusté de l'ancienne église, exiguïté, position excentrée; puis choix du nouvel emplacement dans l'axe de la rue principale; achat du terrain (prairie Sarraute appartenant à la famille Dubosc Taret); désignation de l'architecte Lévy pour dresser les plans et établir les devis. Commence alors le deuxième épisode.
Dans une réunion du Conseil municipal du 17 novembre 1858, le maire de Garlin proposa de vendre des landes communales et d'affecter le produit de la vente à la construction de l'église, ce qui se fit malgré les protestations des propriétaires ruraux au début de l'année 1860. A cette date, les ressources locales réunies s'élevaient à une somme d'environ 46 000 francs dont 15 389 francs, produit d'une souscription. Le devis s'élevant à 64 261 francs, il fut décidé de demander un secours de 15 000 francs à l'Etat. A la fin août 1860 se placent les tribulations de l'adjudication. Tous les entrepreneurs contactés demandent des augmentations de 8 000 à 10 000 francs, si bien que l'on traita alors de gré à gré le 11 novembre 1860 avec trois artisans de Garlin qui se récusèrent peu après. De guerre lasse, on passa alors le marché avec un entrepreneur de Pau, M. Bournac, pour la somme de 64 278 francs. Entre-temps, l'Etat avait accordé 9 000 francs en deux versements à la commune de Garlin. La pose de la première pierre eut lieu le 1er mai 1861. Mais les malheurs étaient loin d'être terminés. Le devis prévoyait l'emploi de la pierre de "Roquehort" (certainement Roquefort dans la commune de Boueilh-Boueilho), mais l'entrepreneur ne la jugeant pas bonne, il fallut aller chercher la pierre de Conchez et de Geaune; le sable des ruisseaux de Garlin avait disparu à la suite de deux années de sécheresse, et il fallut aller le chercher à Aire; et pour ajouter à cette série d'imprévus, le prix de la journée des ouvriers avait sensiblement augmenté. En conséquence, l'entrepreneur demanda une augmentation de 10 000 francs que le Conseil municipal se résolut le 11 mai 1862 à demander à l'Etat.
Peu de temps après, le curé et le maire voulurent remplacer la flèche en charpente recouverte d'ardoises par une flèche en pierre d'Angoulême, ce qui fut décidé au mois de novembre 1862, la dépense chiffrée par l'architecte s'élevant à la somme de 7 170 francs, ce qui entraîna la demande renouvelée de subvention à l'Etat avec l'intervention du préfet Aquin.
Cependant, si aux alentours de 1864 les travaux étaient terminés, les problèmes financiers étaient loin d'être résolus. D'après une note jointe à une lettre du préfet des Basses-Pyrénées du 6 juillet 1871, "les travaux de reconstruction se sont élevés à 89 063,94 francs". La commune devait donc trouver encore de l'argent. D'après l'article de La Colline, le maire "qui paraissait optimiste prévoyait seulement un déficit de 15 000 francs. Le Conseil décidé d'emprunter cette somme à M. de Tavernier, propriétaire du château de Pouliacq, pour une durée de douze ans, et de voter une imposition extraordinaire pour en assurer le remboursement". Parallèlement à ces travaux d'architecture, se poursuivent les aménagements intérieurs, décoration proprement dite (peintures murales, vitraux...) et installation de nouveaux objets culturels (autels, chaires, statues, chemins de croix, luminaires, vases sacrés, vêtements liturgiques, etc.) qui s'emparent, souvent avec une abondance qui confine à la luxuriance, des édifices ainsi rénovés ou rebâtis, les transformant parfois - la décoration florale aidant - en énormes reposoirs. Cette abondance, vérifiable dans les deux cantons considérés, est le résultat de la ferveur religieuse et de ses nouvelles exigences, de l'enrichissement du pays - et du désir de le montrer - et des nouvelles conditions de la production permettant à la fois la multiplication des exemplaires, la diminution des prix et une distribution accrue. La statuaire de plâtre blanc ou colorié, qui orne encore les églises du Vic-Bilh en est l'illustration parfaite (...)".

Source:
"Constructions, restaurations et aménagements d'églises dans le canton de Lembeye et Garlin (1850-1930) de J-C. Lasserre, Conservateur inventaire général d'Aquitaine

Cahiers du Vic-Bilh n°6 - Juin 1980

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