jeudi 5 février 2015

Un Club Révolutionnaire à Pau (1791-1794)

Dans la Revue historique et archéologique du Béarn et du Pays basque de 1939, nous retrouvons un texte rédigé par Jean Annat dans lequel on évoque la participation du curé de Conchez à l'effort Révolutionnaire. Ce texte peut être mis en lien avec un article de ce blog, du mois de décembre 2014, sur la famille Hiton et le corps expéditionnaire de Rochambeau. En effet, ces deux membres de la famille Hiton, après leur expédition en Amérique, sont revenus en Europe combattre dans les armées Contre-Révolutionnaires qu'étaient l'armée des princes ou l'armée de condé. Dès lors, on peut se poser quelques questions sur les tensions qui pouvaient exister au sein du village entre les "monarchistes" et les "républicains" locaux!

Voici ce texte:

 La société Populaire qui, de janvier 1791 à novembre 1794, fut à Pau, sous diverses appellations le centre le plus actif du mouvement révolutionnaire, nous est connue par quatre registres : le premier est conservé aux Archives Communales de Pau sous la côte P. 2. C'est un registre de 189 pages : les comptes rendus des délibérations n'y occupent que les pages de 1 à 92 et ils nous font connaître les séances qui furent tenues du 14 décembre 1790 au 15 octobre 1791. Le reste du registre de la page 93 à la page 189 est entièrement en blanc. Un deuxième registre commence en décembre 1792 et finit au 3 avril 1794 : il comprend 170 pages. (Ibid. P.3). Le troisième registre n'existe plus : il a été brûlé, en 1908, lors de l'incendie des Archives départementales où il était conservé sous la côte L. 1408. Fort heureusement j'avais achevé de le dépouiller avant qu'il ne disparaisse : il était paginé de 1 à 378 et donnait le compte-rendu des séances qui eurent lieu du 15 germinal (4 avril 1794) au 14 brumaires (4 novembre 1794). Il nous manque donc, pour être complètement renseigné sur la vie de cette Société Populaire, le compte-rendu des séances du 15 octobre 1791 à décembre 1792. Le club palois fut fondé dans les premiers jours de décembre 1790 sur l'initiative d'un groupe de citoyens préoccupés de favoriser dans la région le développement du mouvement de 1789 « de la Constitution » ainsi qu'ils disaient. (…) Préoccupée avant tout de la défense de la Patrie, la Société traitait naturellement avec la plus grande faveur les soldats, les sans-culottes, tous les défenseurs de la Patrie. Pour eux, toutes les formalités d'admission étaient supprimées. (..) Les soldats étrangers au département étaient accueillis, lorsqu'ils faisaient étape à Pau, avec le même enthousiasme que les concitoyens : « Un membre, dit le procès-verbal à la date du 30 avril 1791, a introduit dans l'assemblée M. Bonnat, capitaine au régiment d'Angoumois, qui a dit qu'il regardait comme le plus beau moment de sa vie celui où l'assemblée l'honoroit de l'admettre à sa séance, qu'il étoit et seroit toujours bon patriote, qui verseroit jusqu'à la dernière goutte de son sang pour la Patri et le soutien de la Constitution et qu'il marcheroit comme simple soldat à la première réquisition de l'assemblée ou de la Garde Nationale. L'assemblée en applaudissant au patriotisme de M. Bonnat, a arrêté qu'il en seroit foit une mention honorable dans le procès-verbal ». Cette faveur marquée pour les soldats défenseurs du sol de la Patrie, la Société n'a jamais cessé de la témoigner : deux ans plus tard, le 1er novembre 1793, un volontaire du bataillon du Lot-et-Garonne, se présente et prend la parole : il demande que le président donne le baiser fraternel à une de leurs officiers qui est dans la salle et de chanter un hymne à la liberté. Le président répond et invite les soldats et officiers à entrer dans l'intérieur de la salle. Le baiser fraternel est donné par le prédisent au nom de la Société à tous les soldats et officiers présents du bataillon du Lot-et-Garonne. L'hymne a été chanté en choeur par tous ces braves défenseurs de la patrie et par les membres de la Société. On a aussi chanté « Où peut-on être mieux. On prie les officiers et soldats de déposer l'hymne sur le bureau ; on demande que l'air en soit noté ; on arrête que les membres du Lot-et-Garonne présents demeureront membres intégrants de la Société. » Que d'exemples de ce genre l'on pourrait relever ! La reconnaissance de la Société n'allait pas seulement aux soldats, elle s'étendait à quiconque avait su, à l'occasion, témoigner de la sympathie aux défenseurs de la Patrie. On apprend un jour (5 août 1793) que le curé de Conchez (1) « a offert 50 livres à chacun de six volontaires qui seront de bonne volonté pour aller à la frontière ; a offert de plus 20 bouteilles de vin, 40 canards avant de partir. » A la séance publique, » on demande la mention honorable et l'envoy du procès-verbal au curé. » Un instant même, à la séance du lendemain, on songe à envoyer une adresse à la Convention pour faire connaître l'action généreuse du curé de Conchez. On finit par y renoncer :  « après une longue discussion, la question préalable est adoptée, motivée sur ce que la Convention a trop d'affaires pour s'occuper d'objets si minutieux. » (1) Le curé de Garlin était alors un ex-capucin Lacoste, né à Poey-de-Lescar. Il avait appartenu au couvent que les capucins avaient à Garlin. Membre actif de la Société Populaire de cette ville, il livra ses lettres de prêtrise et signa, sous le Terreur, une renonciation définitive à son état. Voir sur son séjour à Garlin, les notes que nous avons publiées à son sujet, dans la Revue février 1914 p 78-80.

Source : Revue historique et archéologique du Béarn et du Pays basque Directeur: Jean Annat Douzième année – PAU – G. Lescher-Moutoué, Imprimeur – 1929 Texte numérisé par la Bnf

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