Après la deuxième guerre mondiale, au
début des années 50, dans le village de Conchez de Béarn il y avait un
docteur : monsieur Victor Brus. Sa maison est située sur
l'ancienne route de Conchez à Diusse. On la reconnaît facilement
avec sa forme cubique et son style bourgeois. La façade donnant sur
la route et l'entrée de la maison avec de plus belle finitions que
celle donnant vers l'arrière comme on le faisait en milieu urbain
pour « paraître » tout en économisant quelque argent.
En sous-sol, la cave ; au rez-de chaussée, le salon, le cabinet
de réception du docteur et la cuisine donnant sur l'arrière de la
maison, côté grange. A l'étage, les chambres et le grenier aménagé
pour loger les employés. Victor Brus avait été docteur mais
également Maire du village.
Maison Brus |
Jeanne Capéraa se souvient de cette
époque d'après-guerre puisqu'elle s'était mariée en 1947 à
Saint-Jean-Poudge avant de travailler à ses 18 ans comme « employé
de maison » chez Brus, vers 1952.
Les Brus possédaient
également une ferme située tout près du moulin du village, en bas
de la côte à droite. Des pierres encore visibles aujourd'hui
attestent de sa présence ancienne. La grange dite de « Brus »,
avec son architecture typique, est toujours présente non loin de là.
Cette ferme était une ancienne métairie dans laquelle des
personnes comme Adelin ou Abel ont travaillé de nombreuses années.
Jeanne se rappelle quand elle descendait à travers champs depuis la
maison Brus, pour aller chercher des légumes juste en dessous de la
fontaine dite de « Paul ». L'espélouquère se faisait
dans la grange de la maison Brus. Cette grange est également typique
avec ses murs en terre, et son toit en tuiles plates. Elle est encore
visible aujourd'hui mais pour combien de temps encore ?! Les
voisins participaient à l'espélouquère, et Nicole, la femme de
monsieur Brus, donnait pas mal de confitures et du pain à ceux qui
aidaient à cette tâche laborieuse. On faisait beaucoup de
confitures de poire, raconte Jeanne. Des fois, elle moisissait par
manque d'ajout de sucre. Celui-ci était produit à partir de vin
nouveau que l'on chauffait pour en récupérer le sucre utilisé
ensuite pour les confitures.
En face de chez Paralieu, il y avait le
jardin. Quant au puits présent devant la maison, l'été, il avait
tendance à ne plus donner d'eau. Il fallait donc la réserver et
descendre tous les jours à la fontaine de Paul, abondante même
l'été.
Fontaine dite "de Paul" |
Quand Danièle était petite, j'allais y rincer le linge
dans des bassines. La question de l'eau était importante pour un
village. Il y avait des sources et des puits mais tous n'avaient pas
la même abondance. Et à Conchez, il y avait des priorités !
Pour le pain par exemple. Au début des années 50, il y avait encore
en fonctionnement un moulin et deux boulangeries (Laplace et Lanne).
Pour la confection du pain, les boulangers avaient la priorité sur l'accès à des puits comme celui du centre du village dont le bâti en pierre était encore présent. Jeanne s'en rappelle très bien puisqu'elle avait habité en loyer dans un deux pièces dans la maison Fréart, à côté du presbytère. Danièle y est née se rappelle-t-elle. Ma chambre donnait sur la rue et sur le puits.
Vue du puits en 2015 |
Pour la confection du pain, les boulangers avaient la priorité sur l'accès à des puits comme celui du centre du village dont le bâti en pierre était encore présent. Jeanne s'en rappelle très bien puisqu'elle avait habité en loyer dans un deux pièces dans la maison Fréart, à côté du presbytère. Danièle y est née se rappelle-t-elle. Ma chambre donnait sur la rue et sur le puits.
Autant que pour l'eau, la viande, le
blé ou tout autre produit, tout faisait l'objet de négociations et
arrangements. La vie n'était pas facile, on ne jetait rien, il
fallait vivre et parfois survivre. Chez Laplace, au centre du
village, on était boulanger (Alphonse et Marie – frère et sœur)
mais également « blatier » (marchand de blé) depuis de
nombreuses générations. Ce blé que l'on produisait, on le vendait
au meunier pour qu'il produise de la farine. Souvent, plutôt que de
la vendre, il s'agissait de l'échanger contre le pain pour l'année.
A la métairie aussi on faisait des affaires. Adelain travaillait
avec deux vaches. Il élevait pour son compte quelques vaches et les
vendait. Avec Brus par exemple, si deux vaches naissait, il en
récupérait une et Brus l'autre. Dans les années 50, il y avait
également une boucherie chez Plaa. Là aussi on peut imaginer tout
le commerce qui pouvait avoir lieu avec les producteurs locaux. Pour
l'anecdote et faire un lien avec les puits, pendant les fêtes du
village, le boucher (le père de Paulette Plaa), réservait un animal
entier qu'il accrochait dans le puits, au frais, pour le conserver.
Plus tard, précise Jeanne Capéraa, nous avons acheté à Tilh, là où j'habite
actuellement. On avait acheté à Joseph Courty dont un fils est mort
pendant la première guerre mondiale. Mon mari était maçon à son
compte et travaillait avec son père. C'était pas la joie, moi je
faisais des « journées » dans le village,
essentiellement en agriculture. Plus tard, j'ai travaillé au
restaurant Chez Paulette. Quand Michel a grandi, je le mettais dans
un panier sur le porte bagages et je montais jusqu'au restaurant. J'y
ai travaillé de nombreuses années. Les moyens de locomotion étaient
un facteur important pour travailler. Au début, le docteur Brus,
faisait les visites à vélo, avant d'acheter sa première voiture.
Sans moyen de transport, il était difficile de trouver du travail ou
de travailler plus loin que dans le village ou un village voisin.
Voilà comment on passe toute une vie
dans un village. Aujourd'hui, l'eau arrive dans chaque maison, tout
le monde possède un véhicule et avec l'argent, tout a un prix !
Le négoce a changé de forme, l'échange disparaît et l'entraide
également.
1 commentaire:
Dans les années 50, avant de remonter à la ferme de Jean-Baptiste Laplace, mes vaches s'abreuvaient à la fontaine de Paul qui se trouvait dans dans un fouillis de ronces et d'arbustes, elles passaient carrément la tête par l'ouverture de la fontaine toujours ouverte,l'eau était très fraîche le cresson poussait tout autour
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