vendredi 23 novembre 2018

Jean Fondeville, Pasteur de Conchez entre 1619 et 1620

Le XVIIe siècle nous a légué un témoignage capital sur les origines de la Réforme et son introduction en Béarn. Il s’agit d’une pièce restée longtemps inédite1, intitulée Calvinisme de Bearn, qui est  l’oeuvre de Jean- Henri Fondeville. Jean-Henri est le fils de Jean Fondeville qui, après des études de  théologie au collège royal d'Orthez de 1611 à 1618, est admis comme pasteur. Il dessert  successivement les Églises de Lucq, Conchez puis Osse-en-Aspe où il termine brutalement son  ministère pastoral. Le synode de Charenton, en 1623, confirme la déposition qui avait été décidée  quelque temps plus tôt par le colloque d’Oloron « pour cause d’adultère, pour avoir eu du mépris pour le saint ministère et à cause de sa vanité insupportable qui l’a depuis fait apostasier ». Sa conversion au catholicisme est récompensée par le pouvoir royal qui lui accorde à titre de pension l’équivalent de son salaire de pasteur. Dans le Calvinisme de Bearn Jean-Henri, son fils, fait allusion aux pensions que la « caisse de conversions » distribuait pour inciter les ministres à changer de camp.
Lui-même en avait bénéficié puisque après la mort de son père il avait reçu un secours de la chambre des comptes. L’ancien pasteur décède en 1646, laissant trois jeunes orphelins : Jean-Henri, Marie et un cadet dont nous ignorons le prénom, qui devint prêtre. Nous ne connaissons pas la date exacte de naissance de Jean-Henri qui est présenté au baptême le 1er janvier 1638, par son parrain Monseigneur Jean-Henri de Salettes, évêque de Lescar. Nous n’avons guère conservé de traces de sa vie, seulement deux actes notariés qui signalent la possession et la vente de terres en 1683 et 1689. Il meurt le 22 octobre 1705 et est enterré dans la cathédrale de Lescar, preuve qu’il avait accédé à l’élite qui seule pouvait prétendre à une sépulture dans une église, avec une pierre gravée ou un monument funéraire. Son épitaphe souligne sa qualité d’avocat et de poète disert et éloquent : Patronus et poeta facundus. Il a laissé en particulier deux pastorales (pièces de théâtre en béarnais) qui ont connu plusieurs réimpressions jusqu’à aujourd’hui. Cette inscription latine élogieuse est due aussi en grande partie au rôle qu’il a joué dans l’entreprise de reconquête spirituelle menée à son époque par l’Église catholique. La lecture du Calvinisme nous permet non seulement de cerner le portrait du ministre, tracé à grands traits par un catholique engagé dans la polémique religieuse des années qui ont suivi la Révocation de l’Édit de Nantes, mais aussi de découvrir l’organisation de la nouvelle religion au travers des charges qu’assument ses conducteurs spirituels.

Source: PORTRAIT D’UN MINISTRE PROTESTANT d’après JEAN-HENRI FONDEVILLE
(1633 – 1705)
Robert DARRIGRAND

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