LM. DE SALLES A LA REINE DE NAVARRE.
Je ne say par quel moyen
comanser, Madame, se bilhet, car en iceluy ne soroys escripre chose qui
vous peut estre agreable. Les afayres de des sont en tel estat que de
quatre pars les troys vous ont torné le dos, les ungs overtement, les
autres cauvertement, desquels à la
fin nous esperons moins. Voyant qu'il estoit nescesayre descouvrir se
que l'on crainhoit de vostre ville de Oleron, l'on fut d'abis que si
l'on voyoit la chose deplorer, sesaysir de la personne du sieur
Desgarabaque (1). Estant en seste deliberation, l'on entant nôvelles que
les capitene Gulhem et de Armendaris (2) estoint entrés par la vallée
d'Aspe, estoient passés par Arete, maison du capitene Bonasse (3), qui
leur avoit fait grant ghere; alant et venant, ils ont saccagé beaucoup
de maisons de ceux de la Religion. Le sieur de Arros et une bonne trope
partismes pour nous en aler à Navarrenx, ou le dit -Desgarabaque fut
appelé, feignant que Palu (4), vostre valet de chambre, lui portoit
quelque bilhet de Vostre Magesté; lequel vint, aveques des prinsipaux
mutins de Oleron. L'on luy remonstre la faute qu'il avoit fityte de ce
qu'il avoit laisé paser par son parsan (a) qu'il failhoit savoir comme
sela estoit aie (6). Et pour se
que le sieur d'Arros deliberoit aler à Oleron, il dit que (1) Jacques de
Sainte-Colomme ou Sainte-Colombe, seigneur d'Esgoarmbaque, marié en premières noces à Catherine de Montbrun, puis a Gratianne de Navailles Saint-Saudens. Quoique catholique, )e gouvernement de la villed'Oloron lui avait été confié.
n'estoit beshoin et qu'il y donneroit ordre. Finalement fut arresté que
l'on iroit luy, s'en volut aler devant l'on luy contredit. Il luy
eschape quelques motz et à d'autres de sa companhie, qui fut cause que
l'on se resolut de le arester et ses gens qui estoint venus aveques luy
et incontinant l'on iroit essayer de entrer dans Oleron, que nos
trovasmes bien probude. La porte fut refusée, finalement combatu
longuement; il en fut tué dix et huict des nostres et aussi beaucoup
autres, dont le fUhs du sieur de
Las (1) fut l'ung. A la pointe du jour, le capitene Bonase, le sieur de
Las, les enfans Desgarabaque (2) bien accompanhés se rendirent dans la
ville toute la nuit le touquesin sona les vals de Baretous, de Josbat et
d'Aspe (3) se assemblerent et se retirerent dedans avec Supersantis (4)
et Tasta (5). Incontinent le sieur de Luxe, le capitaine Gulhem,
Alfrede et Rubré, avecques sine ou six cens basques, aribarent là. Led.
Esgarabaque prometoit tout jours fayre randre la place, ce que n'a peu,
car il luy a esté rcspondu par ses enfans que ung bel morir toute la vie
honore (6). Le sieur de Crament nous est venu trober pour moyenner ausi
la redition de la plase, se que n'a peu obtenir. L'on a du ains de
laisser aler ceux qui estoint en la companhie Desgarabaque
avecques
promesse qu'ils feroint beaucoup pour vostre service et luy, a esté
baillié au sieur de Gramont, qui verra s'il en peut tirer quelque chose.
Tout en ung mesme. temps, les anemis, qui avoient circuy vostre païs,
sont entrés, les ungs par Montaner et Pontac, qui jusques à present ont
resisté; les autres, comme le sieur de Peyre (1) et Goas (2), par
Lembeye et Conchés, qu'ils ont saquagé. L'on pourvoit en se que l'on
peut a vostre ville de Navarreux. L'on se craint fort que les bons ne
soint forsés par les meschans. L'on fait toute diligense de mètre
estrangés dedans et persone de la religion pour nous en asurer. L'on a
si grant faute d'argent que l'on a eu à toucher à vostre baiselle. Je
vous asure que si vous n'y proboyés de à nous secourir par quelques
moyens, que vostre pays est pardu et en doubte de vostre ville, laquelle
sera defandue par les bons au peril de leur vye. L'on a tele faute de
gens, que à grant peyne arrivet-on a la moytié de
se que faut pour vostre ville. Nous somes en mesme doubte de celuy que
vous soupesonés (3). Toutes foys par nesessité nous somes constrains
fayre se que faysons. L'on a despeché Mons' Desperien expressément
pour plus particulierement vous fayre le resit de nostre nesesité,
lequel vous supplions nous renvoyer pour estre assurés par luy de se que
povés fayre pour nous et se que aviserés de nous, qui despanderons nous
vies pour vostre servisse.
SALES.
De Navarrenx, le 4 de abril 1569.
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